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DelphSei - les riches heures
26 septembre 2008

Le maître de feng shui et les piles de papier

Julie m'a bien offert Le feng shui pour les nuls, mais je dois bien avouer que le feng shui pour les nuls, j'y avais déjà été initiée. Pas vraiment par un grand maître, mais par un roman policier. Cet extrait du livre de Nury Vittachi, Le maître de fengshui perd le nord, Paris, éd. Philippe Picquier, 2004. Allez savoir pourquoi je me suis sentie concernée...



« Mirpuri sortit un magazine. « Attendez que je vous montre quelque chose. J'ai eu ça par un ami. C’est un catalogue d'objets fengshui fabriqués à Hong Kong. Par correspondance. Je me disais que je pourrais mettre un chat à l'entrée et accrocher un sabre de fortune de ce côté, dirigé vers la pièce où on traite les commandes, et puis une paire de dieux-gardiens pour l'entrée, plus ce truc qu'on appelle un vase des sept fortunes...

— Pas besoin, coupa le géomancien. Pas besoin de gadgets. » (…)

Wong secoua la tête. « Le fengshui de Hong Kong est trop fondé sur les superstitions. Complètement idiot. Le premier travail du fengshui dans une pièce comme ça c'est de ne rien ajouter, il y a déjà beau­coup trop de choses. Il faut enlever des choses, au contraire. Pas en ajouter.

 Ah, d'accord. Qu'est-ce qu'il faut enlever, alors ?

 Je vais vous le dire. Beaucoup de choses. Asseyez-vous. » (…)

Le maître de fengshui balaya la pièce du regard. Puis il se retourna vers son client. « Le principal pro­blème de cette pièce, c'est l'énergie morte. Il y a trop d'énergie morte. Ça tue votre énergie à vous. » Wong désigna du doigt les piles de papiers poussiéreux sur les armoires. « Ces feuilles de papier, je pense qu'elles sont vieilles, que vous ne vous en servez plus. Il faut vous en débarrasser. C'est un problème classique dans les vieux bureaux, et même dans les bureaux récents. L'énergie morte produit... il consulta son carnet pour retrouver le mot anglais qu'il avait noté... la léthargie. » (…)

« II y a des gens qui sont du genre à classer. Ils classent, classent et classent, ils ran­gent tout dans des armoires. D'autres personnes sont du genre à empiler. Elles posent des papiers les uns sur les autres et elles font des piles, des piles et des piles.

— Et qu'est-ce qu'il vaut mieux ?

— Il vaut mieux classer qu'empiler. Mais le mieux, c'est de tout jeter. »

Wong ramassa une feuille de papier au sommet d'une pile. C'était une lettre. « Vous voyez ça ? Chaque feuille contient ce qu'on appelle "une transaction d'énergie potentielle". Quel­qu'un vous écrit une lettre. Ou vous écrivez une lettre à quelqu'un. Ou quelqu'un veut vous faire acheter quelque chose. Ou veut que vous lui téléphoniez. Ou que vous lui envoyiez un fax. Bref, quelqu'un veut vous dire quelque chose. Les gens mettent de l'éner­gie dans le papier. Ils mettent des efforts dans le papier. Si vous lisez la lettre, et que vous en faites quelque chose, l'énergie de votre correspondant se transmet à vous. Elle se transforme en action. Mais si vous ne faites rien, si vous vous contentez de poser la feuille sur une pile, l'énergie meurt. Ensuite vous recevez une autre lettre. Vous la rajoutez à la pile. Et encore une autre, et encore une autre. Tous ces papiers, vous les empilez les uns sur les autres. Bien­tôt la pile a des centaines de feuilles. Vous la mettez dans un tiroir. Le tiroir est plein. Vous commencez une nouvelle pile sur votre bureau. Bientôt la nou­velle pile a des centaines de feuilles aussi. Mais chaque feuille est un peu d'énergie morte.

Les piles d'énergie morte, c'est très mauvais. Vous entrez dans ce bureau et vous voyez d'énormes piles de vieux papiers. Ça vous aspire toute votre énergie. Vous vous sentez fatigué, votre énergie meurt à son tour. Vous êtes en... léthargie.

— Donc il faudrait que je range tout ça dans des armoires à classement, c'est ça ?

— Non. Parce que dans ce cas les armoires se rem­plissent d'énergie morte. Il faut jeter ces vieux papiers. Ne gardez que les plus importants. Le reste, poubelle. Sinon il y a trop de... léthargie dans le bureau. »


Nury Vittachi, Le maître de fengshui perd le nord, Paris, éd. Philippe Picquier, 2004, p.111-114


Et alors, c'est marrant, mais moi, j'avais pas retenu le coup de l' "énergie morte" contenue dans les piles de papier. Ce que j'avais retenu, c'était l'énergie mise par les correspondants, par les auteurs d'articles, ou l'énergie mise par moi-même dans des notes à reprendre. J'avais retenu l'épuisement aussi. Et pour moi, l'épuisement c'est plutôt la somme de sollicitations contenues dans ces "centaines" de papiers. On entre dans la pièce, et on est sollicité par ces "énormes piles de papiers", et on est épuisé.

Un bureau dégagé, c'est tellement plus tranquille, plus apaisé.

Mais je me répète, quand mon bureau est vide, c'est trop de solitude.

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  • Des corps dansants, heureux ou fatigués, des gribouillis dans les marges des cahiers, sur des bouts de journaux, des photos, dessins au bic, crayon, encre ou brou de noix... Un peu de texte aussi : je vous le mets quand même ?
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