Ha, ha, on t'a reconnue, petite fausse question !
La question qui fait chuter
Quel démon l'a susurrée à mon oreille ?
Elle est parfois question massive : qui m'a aimée ? M'a-t-il seulement aimée un jour ? Qu'ai-je fait de bien dans la vie ?
A froid, ces questions trop grosses pour être sérieuses sont écartées comme des bulles de savon, aussi prêtes d'éclater qu'elles sont gonflées d'air.
Pris dans un charme de tristesse, on est juste entraîné par le démon vers la réponse qui s'impose : Personne ! Jamais ! Rien !
Et de s'enfoncer plus sûrement dans le marais des pensées tristes.
La question du jour fut plus discrète, est arrivée comme une demande de détail, une curiosité, le rappel de choses partagées.
Mais comme les grosses questions-bulles, l'objet de la question n'est pas la réponse, c'est la conclusion à laquelle elle veut amener, et la réponse est toujours : Personne ! Jamais ! Rien !
Jamais plus on ne partagera cela ! Que nous disons-nous encore: Rien ! Que suis-je encore pour lui ? Personne !
Et de s'enfoncer plus sûrement dans le marais des pensées tristes.
Et qu'il est dur alors de ne pas perdre pied.
Plongée dans le gouffre, tentative de surnager
Tentative de se décoller des pensées tristes
Tentative de dire autre chose
Mais le démon est là qui glisse de petits mots, de petites choses amenées à petits pas, et quand on ne demande plus on se retrouve à demander encore, on essaie de s'extraire des fausses alternatives qui enchaînent à la tristesse, et on tombe dans la rancoeur, la petite vengeance, ou on se prend les pieds dans la chaîne et on replonge dans la grande douleur.
Réussir seulement à s'arrêter, à sortir, faire n'importe quoi. La seule chose bonne à faire alors.
Mais pour faire quoi ? Envie de Rien.
Ha, ha, on t'a reconnue, petite fausse question.
Arrrivera-t-on a se saisir du fin rayon qui passe au milieu d'une journée apesantie de gris ?
La vie est pleine d'un suspense... discret.
EDIT : Lorsqu' "on" arriva à sortir (je), une pluie froide commençait à tacher le trottoir. On ne se laissa pas décourager, même si la décision de sortir vacilla comme la flamme d'une bougie exposée à un courant d'air. Mais sans faiblir, et un chaud bonnet enfoncé jusqu'aux zoreilles, on et moi allâmes dans un clair café, pas celui "où j'ai mes habitudes" (penser à rendre l'expression à Chevillard, car elle lui appartient), mais un peu plus loin, joli et clair, où un thé apaisa les noires pensées. Trouver ce qui apaise, aussi frêle que cela apparaisse face aux fortes émotions.