1er décembre - Journée mondiale de lutte contre le sida
Marche interassociative organisée par Act Up Paris à la veille du 1er décembre. (Photo issue du site d'Act Up - plus de photos ici)
Et en France, toujours plus de nouvelles contaminations, un accès aux soins rendu difficile aux étrangers, invisibilité de l'épidémie chez les hétéros, recrudescence des contaminations chez les homos, et une discrimination des séropos qui perdure (jusque chez les médecins, Cf sur les dentistes) :
Une épidémie
anormalement élevée
Aucune annonce sérieuse en termes de
prévention
Le 27 novembre 2006, l’InVS (l’Institut national de Veille
Sanitaire)
vient de rendre public les données de la Déclaration Obligatoire
de
Séropositivité (DOS). Le nombre de nouveaux diagnostics de
séropositivité en 2006 (6 700) est équivalent à celui de l’année
dernière et montre que l’épidémie de sida se maintient, en France, à
un
niveau anormalement élevé. Il n’y a jamais eu autant de personnes
vivant
avec le VIH/sida qu’aujourd’hui. Mais c’est chez les gays que
ces nouvelles
données sont les plus alarmantes.
Malgré ce constat alarmant, les données
de la DOS font apparaître une
baisse relative des nouveaux diagnostics chez
les femmes issues
d’Afrique subsaharienne, qui montre que le travail de
terrain mené
par les associations et les campagnes de dépistage ont eu une
certaine efficacité. Cette action a pourtant été largement entravée
par
les attaques répétées du gouvernement à l’encontre de l’accès aux
soins des
étrangerEs. Les dépistages tardifs restent d'ailleurs
importants dans cette
population (55% des personnes diagnostiquées au
stade sida découvrent à
cette occasion leur séropositivité).
L’importance des infections par des
sous-types B, presque absents en
Afrique subsaharienne, montre qu’un grande
nombre d’étrangerEs se
contaminent en France. Contrairement à ce que
veulent faire croire
les démagogues, il ne s’agit donc pas d’une « épidémie
importée » et
il y a donc urgence à faciliter l’accès aux soins des
étrangers pour
favoriser la prévention.
L’épidémie de sida en France
est aujourd’hui majoritairement une
épidémie hétérosexuelle (64% des
nouveaux diagnostics). Près d’une
personne contaminée sur deux est une
femme. Cette situation exige
donc un renforcement des campagnes de
prévention en direction des
hétérosexuelLEs qui se sentent paradoxalement
de moins en moins
concernéEs par l’épidémie et chez qui l’usage du
préservatif reste
faible. 17% des hétérosexuelLEs nés en France découvrent
leur
séropositivité au stade sida.
L’InVS affirme clairement cette
année que l’augmentation des nouveaux
diagnostics relevés dans la
communauté homosexuelle se poursuit à un
rythme inquiétant (+15% en un an).
Ces données sont concordantes avec
l’ensemble des enquêtes comportementales
et avec l’augmentation des
cas d’Infections Sexuellement Transmissibles
depuis plusieurs années.
L’augmentation des prises de risque chez les
homosexuels conduit donc
à une forte augmentation du nombre des
contaminations.
Cette situation exige plus que jamais une forte
mobilisation de la
communauté afin de repenser les messages de prévention
de manière
inventive et valoriser les comportements préventifs. Alors que
14% à
20% des membres de notre communauté sont touchés par la maladie,
paradoxalement il n’a jamais été aussi difficile d’y parler du sida.
Les discriminations qui se développent entre séropos et séronegs et
la
reprise des pratiques à risques sont les deux faces d’un même
déni. Il est
urgent que notre communauté se mobilise à nouveau afin
que le sida ne
devienne pas l’horizon indépassable de l’homosexualité.
En dépit de ce
constat alarmant sur la progression de l’épidémie de
sida en France, 25 ans
après le début de l’épidémie nous sommes
encore confrontés aux mêmes
tergiversations pour mettre en œuvre des
politiques efficaces de
prévention.
L’année dernière Xavier Bertand annonçait l’installation de
distributeurs de préservatifs à 20 centimes dans tous les lycées. Le
ministère de l’Education nationale s’est évertué à ne rien faire. Le
ministre de l’Intérieur continue de mener une chasse aux étrangers
qui
les éloigne de la prévention. Surtout, la vacuité des programmes
des
candidats à l’élection présidentielle sur la prévention nous
désespère.
Le 30 novembre 2006, Act Up-Paris organise une
manifestation contre
le sida avec pour mot d’ordre "Sida : où sont les
candidatEs ?"
Act Up-Paris
Communiqué de presse du 27 novembre 2006