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DelphSei - les riches heures
25 août 2008

Le moustique était sous la couette et regardait Caïn

Quand les yeux grand ouverts sur la nuit noire et le corps encore écrasé sur le matelas nous ne parvenons plus à écarter les mauvaises pensées que nous faisons taire le jour, culpabilité, angoisse, petits et grands agacements, colère hargneuse ou détresse issue de notre naissance, et peut-être même avant, quand la fatigue n'arrive plus à devenir sommeil, alors qu'il est trop tôt pour se lever mais bientôt trop tard pour dormir vraiment sans être assailli par des rêves furieux dont le réveil ne nous détachera qu'à peine, quand il fait trop chaud sous la couette mais que le membre extrait pour thermorégulation frissonne déjà, c'est là que le moustique surgit.
Pas au bout du doigt, à la dernière phalange, où il laissera pourtant une piqûre pleine de démangeaisons, pas à la cheville qu'on a vue dépasser un instant, où une piqûre similaire se révèlera le lendemain, pas de l'autre côté du lit occupé peut-être par un compagnon de nuit. Il pourrait y faire ce qu'il veut, et nous vaquer à nos occupations (ennui, comptage de moutons, remuage de pensées pénibles). Non, sa furtive et sournoise présence est un bourdonnement insistant à la vibration typique, menace dérisoire dont l'anticipation agacée fait toute la puissance. La piqûre du moustique est supportable ; son attente passive à travers ce bruit bref, inattendu, impromptu, maintient une tension perceptive incompatible avec le patient travail d'apaisement entrepris comme retour vers le sommeil.
Nous avons compté les moutons, pensé à nombre de lieux aimés et doux, nous nous sommes réconciliés avec notre cousin, le destructeur de châteaux de sable en socquettes, nous nous sommes pardonnés à nous-mêmes notre mesquinerie du jour et promis d'être plus généreux demain, nous nous sommes blottis sous la couette et appuyés mollement à sa tendre épaisseur. Nos pensées dérivaient vers une tranquille incohérence...

Le moustique était sous la couette.

Son bourdonnement irrite aussitôt nos tristes pensées qui ressurgissent immédiatement.

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DelphSei - les riches heures
  • Des corps dansants, heureux ou fatigués, des gribouillis dans les marges des cahiers, sur des bouts de journaux, des photos, dessins au bic, crayon, encre ou brou de noix... Un peu de texte aussi : je vous le mets quand même ?
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